L’assurance professionnelle propose de nombreuses garanties, parfois obligatoires, selon les domaines d’activité. Les chefs d’entreprise doivent évaluer tous les risques (impliquant les hommes, les biens, l’activité, les transports, etc.) pouvant impacter leur société et souscrire aux contrats adéquats.
Voici un tour d’horizon des différents contrats d’assurance professionnelle.
2.1. Les contrats d’assurance obligatoires en entreprise
2.1.1. Le contrat RC Pro
Selon l’article 1384 du Code Civil, toute personne a obligation de réparation des dommages causés à un tiers de son fait, de celui des personnes dont elle doit répondre ou des choses dont elle a la charge.
La responsabilité civile professionnelle est obligatoire pour toutes les professions réglementées (avocat, expert-comptable, architecte, agent immobilier, BTP, médecin, dentiste, pharmacien, taxi, etc.).
Même si elle n’est pas obligatoire pour les autres professions, elle est très fortement recommandée. En effet, en tant qu’entrepreneur, leur responsabilité civile professionnelle peut être engagée pour toutes sortes de préjudices, qui ne sont pas toujours faciles à définir et auxquels l’on ne pense pas forcément.
La RC Pro couvre les préjudices subis au sein-même de l’entreprise ou à l’extérieur (sur un chantier, par exemple).
À noter 💡 : la RC pro ne couvre pas les actes illégaux ou interdits par la profession, ni les dommages en relation avec une absence de qualification. |
2.1.2. La complémentaire santé ou mutuelle santé
Depuis le 1er janvier 2016, les employeurs du secteur privé (sauf les particuliers employeurs), ont obligation de proposer une mutuelle de santé collective à tous leurs salariés, n’en disposant pas déjà, et ce, quelle que soit l’ancienneté du salarié au sein de la société.
Le chef d'entreprise ou les partenaires sociaux peuvent également décider de proposer une couverture complémentaire des ayants droit (conjoint ou enfants), mais ce n’est pas obligatoire.
Cette assurance permet le remboursement d’une partie des dépenses de santé non prises en charge par la sécurité sociale ou tout organisme obligatoire d’assurance maladie.
L'employeur peut prendre en charge intégralement la cotisation ou en partie (au moins 50 %).
Les garanties minimales de la complémentaire santé de l’entreprise sont les suivantes :
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Ticket modérateur en intégralité sur les consultations, prestations et actes remboursables par l'assurance maladie (sauf exceptions) ;
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Forfait journalier hospitalier en totalité ;
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Frais dentaires (orthodontie et prothèses) : 125 % du tarif conventionnel ;
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Forfait pour les frais d’optique : tous les 2 ans ou tous les ans pour les enfants ou en cas d'évolution de la correction.
La mutuelle santé d’entreprise peut également permettre le remboursement des prestations non supportées par l’assurance maladie obligatoire telles que : dépassement d’honoraires, ostéopathie, psychomotricité, etc.
2.1.3. L’assurance responsabilité civile automobile
Lorsqu’une entreprise possède des véhicules (voitures, camions, utilitaires, engins agricoles ou de chantiers, mais aussi remorques, chariots de manutention, etc.), elle est dans l’obligation légale de souscrire une assurance automobile. Celle-ci couvrira les dommages corporels ou matériels causés à des tiers, par les véhicules de la société. Les salariés sont également assurés, en cas d’utilisation d’un véhicule d’entreprise, dans le cadre strictement professionnel.
Selon le nombre de véhicules possédés par l’entreprise, il est possible de souscrire :
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un contrat d’assurance automobile professionnelle par véhicule ;
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un contrat de flotte : à partir de 5 véhicules, les assurances peuvent être rassemblées dans un même contrat.
L’assurance flotte automobile n’est pas obligatoire, mais chaque véhicule doit cependant être assuré individuellement (responsabilité civile auto au minimum).
Imprtant ☝ : une assurance transport est nécessaire afin de garantir les marchandises et objets transportés (non couverts par l’assurance responsabilité civile automobile). |
2.1.4. L’assurance accident du travail/maladie professionnelle
Elle permet l’indemnisation des salariés ayant subi un accident du travail (y compris un accident de trajet) ou une maladie professionnelle. Les travailleurs indépendants (profession libérale, artisan, commerçant), pour qui cette assurance n’est pas obligatoire, peuvent tout de même souscrire une assurance volontaire individuelle accident du travail/maladie professionnelle.
2.2. Les contrats d’assurance et garanties non obligatoires
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L’assurance multirisque professionnelle
Cette assurance est un ensemble de garanties permettant la couverture complète de l'entreprise, autant pour les responsabilités que pour les biens. Elle peut être souscrite par toutes les entreprises. Elle offre de multiples garanties, importantes (voire indispensables), en fonction des secteurs d’activité et s’apprécie au cas par cas.
Concrètement, elle couvrira, entre autres,
À SAVOIR💡 : la plupart de ces assurances peuvent être souscrites de façon séparée. Mais la souscription d’un pack tout-inclus, comme le propose l’assurance multirisque professionnelle, est souvent plus intéressante financièrement. Cependant, même packagées, les différentes garanties incluses dans votre contrat méritent d’être négociées pour coller au mieux à vos besoins. |
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L’assurance chômage du dirigeant
Un dirigeant d’entreprise ne bénéficie pas du droit au versement des allocations chômage par Pôle emploi, sauf cas exceptionnel. S’il souhaite prétendre à des indemnités, il doit souscrire une assurance chômage du dirigeant, auprès d’une compagnie d’assurance. Il peut ainsi constituer un capital qui lui permettra en cas de perte de statut de chef d’entreprise de toucher :
Qu’est-ce qu’un homme-clé ? Il s’agit d’une personne sur laquelle repose principalement l’activité d’une entreprise. Elle exerce une fonction primordiale au sein de l’entreprise : management, gestion, commerce, technique, ou autre. Cette assurance peut donc concerner un dirigeant, un actionnaire principal, tout comme un salarié, un travailleur non-salarié, ou encore un collaborateur.
L’assurance homme-clé va couvrir l’entreprise dans diverses situations :
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arrêt de travail de celui-ci ;
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invalidité permanente partielle ou totale ;
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incapacité temporaire totale de travail ;
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perte totale et irréversible d’autonomie ;
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décès.
Cette assurance a pour but la compensation du préjudice (financier ou autre) causé par la perte momentanée ou définitive d’une personne indispensable au fonctionnement de l’entreprise. La compensation financière permettra ainsi d’assurer la poursuite de l’activité de l’entreprise.
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L’assurance responsabilité civile d’exploitation
Cette assurance permet à une entreprise d’être couverte en cas de dommages corporels, matériels ou immatériels (perte financière) causés à des tiers (salariés, clients, visiteurs, fournisseurs, etc.), durant la réalisation des prestations de la société.
Attention💥 à ne pas confondre :
RC exploitation
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RC professionnelle
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S’applique dans le cadre des activités quotidiennes d’une entreprise, l’accident survient durant l’exploitation
Exemple : un éclairage se décroche et chute sur le client d’un magasin
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C’est la réalisation même du service qui est mise en cause
Exemple : une erreur d’ingrédient dans la fabrication d’un plat cuisiné entraine des douleurs abdominales chez plusieurs clients
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De même, il existe une différence entre :
RC exploitation
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Assurance perte d’exploitation
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Elle concerne l’indemnisation des dommages causés à des tiers.
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Elle permet l’indemnisation de l'entreprise, en cas de dommages subis sur ses biens, suite à un incendie, une détérioration, un dégât des eaux, etc.
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L’assurance locaux professionnels
Elle est souvent incluse dans la multirisque professionnelle, mais peut faire l’objet d’un contrat à part entière. Elle est facultative, mais elle peut être demandée par certains propriétaires pour les locaux commerciaux (c’est alors précisé dans le bail commercial).
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L'assurance évènement climatique entreprise
Il faut distinguer la garantie catastrophe naturelle de l’assurance événements climatiques. La première est systématiquement intégrée dès lors que l’incendie est souscrite (tempêtes, ouragans et cyclones sont aussi inclus dans l’incendie). L’assurance évènements climatiques (aussi appelée évènements naturels) permet, quant à elle, de garantir certains évènements qui ne sont pas visés par un arrêté catastrophes naturelles, comme les coulées de boues dont l’intensité ne justifie pas les mesures de l’État, par exemple.
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L’assurance professionnelle informatique
De plus en plus d’entreprises possèdent du matériel informatique (fixe ou portable) et stockent des données importantes. Il est donc nécessaire qu’elles soient correctement indemnisées en cas de dommages électriques, explosion, incendie ou autre, qui pourraient causer des dommages irréversibles à leur outil de travail.
La prise en charge peut concerner :
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la réparation ou le remplacement du matériel endommagé ou volé ;
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les frais de location du matériel de remplacement, le cas échéant ;
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les frais de sous-traitance, si besoin ;
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en cas de destruction ou de détérioration des données : les frais de traitement, de décontamination ou de reconstitution ;
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les pertes financières dues à une indisponibilité du site marchand de l’entreprise sur Internet et la perte de ventes, par exemple.
Bon à savoir 💡 : des exclusions sont généralement prévues dans cette assurance telles que : perte du matériel informatique, vol dans un local ou un véhicule non fermé à clé. |
L’assurance peut faire l’objet d’un contrat indépendant ou être une garantie optionnelle dans une multirisque professionnelle.
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L'assurance cyber-sécurité
Complémentaire de l’assurance professionnelle informatique, l’assurance cyber-attaque garantit les sinistres causés par la cyber-criminalité :
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intrusion réseau (utilisation non autorisée d’un système informatique) : phishing ou hameçonnage, infection par un virus pouvant provoquer la perte ou le vol des données ;
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chantage informatique ;
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propos diffamatoires via internet ;
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etc.
Ces sinistres ont des conséquences graves puisqu’ils peuvent faire perdre beaucoup d’argent à l’entreprise, aboutir à une violation des données confidentielles des clients, des fournisseurs ou des partenaires, et par extension, nuire à l’image et à la réputation de l’entreprise.
N.B ☝ : le RGPD (Règlement général sur la protection des données) entré en vigueur le 25 mai 2018, stipule que toute entreprise doit informer les personnes concernées et les autorités de contrôle (CNIL et ANSSI), en cas de survenue d’incidents graves pouvant compromettre la sécurité des données. Si l’entreprise ne respecte pas ces notifications, elle pourra être sanctionnée financièrement, à hauteur de 4 % du chiffre d’affaire mondial. |
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L’assurance perte d'exploitation
Il existe des garanties contractuelles qui permettent d’assurer une protection financière des entreprises. Un sinistre peut avoir des conséquences sur le chiffre d’affaires : diminution, voire absence totale de rentrée d’argent. Elle reste cependant redevable de tous les frais : loyer, crédit, salaires des employés, etc. Ce qui peut vite impacter sur la santé financière de l’entreprise. Il est donc primordial pour tout chef d’entreprise de s’assurer contre la perte d’exploitation.
Cette assurance offre des garanties de base :
Il est également possible de souscrire à des garanties complémentaires comme :
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le remboursement des pénalités de retard redevables par l’assuré ;
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la perte d’exploitation impactant un fournisseur, un sous-traitant ou une société implantée à proximité de l’entreprise ;
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etc.
Plusieurs paramètres entrent en jeu pour le calcul de la période d’indemnisation de l’assurance perte d’exploitation, en cas de sinistre. Ce calcul est effectué lors de la souscription du contrat et tient compte :
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de la possibilité de maintien ou non d’une activité partielle ;
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dans la négative : possibilité ou non de faire appel à un sous-traitant pour assurer une continuité de l’activité ;
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du temps nécessaire au remplacement du matériel et/ou à la reconstruction des locaux ;
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de la concurrence dans son domaine d’activité ;
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etc.
Enfin, il faut savoir que la protection financière des contrats d’assurance de base est composée en général de :
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la garantie perte d’exploitation ;
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la perte de la valeur vénale du fonds de commerce ;
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les frais supplémentaires d’exploitation.
Le principe de la caution financière est le même que pour toutes les cautions. Ici, un établissement financier s’engage pour l’entreprise, envers ses partenaires financiers (administrations, fournisseurs, clients, par exemple). Si l’entreprise est en difficulté, la caution financière réglera les sommes dues à ses partenaires.
Certaines structures encaissent des fonds publics ou des fonds pour un tiers (cabinet de recouvrement, agence de voyage, agence immobilière, etc.). La caution financière est alors obligatoire pour ces entreprises.
Mais, tous les professionnels peuvent souscrire une caution financière. Celle-ci leur permettra, entre autres :
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de rassurer leurs partenaires financiers, en leur offrant la garantie de paiement, quoi qu’il arrive ;
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d’obtenir de meilleures conditions financières : souscription d’un crédit ou facilités de trésorerie, par exemple.
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L’assurance crédit entreprise
Dans le cadre de son activité, une entreprise peut être amenée à accorder des crédits à ses clients (vente de produits, par exemple). Elle est ainsi exposée au risque d’impayé. L’assurance crédit entreprise couvre ce risque.
Pour toute demande de crédit supérieur à 10 000 €, l’assuré devra au préalable obtenir l’accord de son assureur. Celui-ci étudiera le profil du client et du risque d’impayé, et déterminera le pourcentage de couverture de prise en charge.
Elle concerne le transport de marchandises, mais aussi le transport de personnes.
Toute entreprise de transport de marchandises doit souscrire une assurance spécifique, que ce soit pour du transport routier, ferroviaire, maritime, fluvial ou aérien. En effet, les produits acheminés sont soumis à de nombreux risques : perte, détérioration, avarie, incendie, etc. L’assurance de ces biens est fortement recommandée, surtout en cas de transport de biens de valeur.
Pour les entreprises assurant le transport de personnes (déplacements scolaire, urbain, de tourisme, sur de petits trajets ou de longs parcours), cette assurance permettra de compléter les garanties des assurances obligatoires telles que la responsabilité civile professionnelle.
Ainsi, seront couverts :
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le chauffeur et les passagers : prise en charge de frais en cas d’accident, assistance rapatriement, …
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le véhicule : assurance tous risques comprenant le bris de glace, le vol, l’incendie.
La RC pro est obligatoire pour les professions réglementées et, même si elle ne l’est pas pour les professions non-réglementées, elle est très fortement recommandée.
Selon le secteur d’activité, plusieurs types de RC pro peuvent être proposées :
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atteinte à l’environnement : pour des entreprises manipulant des produits dangereux, susceptibles de polluer ;
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responsabilité civile produits : elle permet par exemple à des artisans fabriquant des objets ou produits, d’être assurés contre les dommages qu’ils pourraient provoquer ;
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responsabilité civile après livraison ou installation : elle concerne les produits et objets livrés et installés ;
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etc.
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La protection juridique professionnelle
La protection juridique professionnelle a une double utilité. En effet, elle permet au chef d’entreprise :
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de bénéficier de conseils juridiques ;
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de se faire représenter lors d’une procédure amiable ou judiciaire, en cas de litiges.
En cas de décès, causé par une maladie ou un accident, l’assurance vie/décès va permettre le versement d’un capital aux proches de l’assuré. Certaines assurances ont des garanties plus étendues : rente éducation pour les enfants, par exemple.
Aussi appelée assurance perte totale d’autonomie, elle permet à l’assuré qui ne pourrait plus gérer seul son quotidien (que ce soit une dépendance physique ou psychique) de bénéficier du versement d’un capital ou d’une rente mensuelle, pour pallier ses difficultés. La dépendance peut engendrer des frais conséquents : adaptation du logement, du véhicule, aides techniques, aide humaine spécialisée, etc., qui peuvent avoir un fort impact financier. Il est nécessaire de s’en prémunir.
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L'assurance accidents corporels
Les dommages subis lors d’un accident corporel et les préjudices qui en découlent peuvent parfois être lourds et invalidants, tant au niveau professionnel, que personnel. Il est donc important pour un travailleur non-salarié d’être bien couvert pour ces risques-là.
En cas d’incapacité temporaire, cette assurance permet le versement d’indemnités journalières. Un capital peut également être versé, en cas d’incapacité permanente et/ou de décès. Entre autres, car ces contrats sont susceptibles de prendre en charge beaucoup de prestations.
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L'assurance flotte automobile
Elle concerne les entreprises qui utilisent au minimum 5 véhicules professionnels. Cette assurance permet l’indemnisation en cas de :
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vol : du véhicule et des effets personnels, de matériel ou des marchandises se trouvant à l’intérieur du véhicule ;
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tentative de vol occasionnant des dégâts ;
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incendie et catastrophe naturelle (tempête, inondation, etc.) ;
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dégradation des peintures publicitaires sur le véhicule ;
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dommages de toutes natures, même en cas de responsabilité du conducteur ;
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…
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L'assurance automobile avec garanties spécifiques
Outre l’assurance responsabilité civile automobile, qui est obligatoire pour toutes les entreprises possédant des véhicules, certains professionnels de l’automobile nécessitent des contrats spécifiques, avec des garanties plus étendues. C’est le cas par exemple pour les centres de contrôles techniques ou les garages, à qui d’autres véhicules sont confiés. Avec une assurance automobile spécifique, les véhicules des tiers sont couverts, au même titre que les véhicules de l’entreprise.